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Quand je serai grande, je voterai !

Jeudi 21 mai 2015

Nous devons à la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 le droit de vote des hommes et de leur éligibilité. Des hommes — et non des femmes. A cette époque, l'idée que les femmes n'étaient pas assez matures pour les affaires politiques était répandue. On pensait que leur rôle dans la société devait se résumer à celui d'épouse et mère de famille.

Mais, certaines femmes françaises n’étaient pas de cet avis…

La montée des revendications féminines

L’une des premières à revendiquer le droit de participer à la vie politique est Marie Gouze, connue sous le nom d’Olympe de Gouge. Entreprenante, femme de lettres, abolitionniste (elle est contre l'esclavage), elle rédige en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, dans laquelle elle affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes. C'est d'elle que provient cette célèbre phrase : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. ». Elle obtient le droit pour les femmes de participer à une cérémonie à caractère national : « la fête de la loi » du 3 juin 1792, et à la commémoration de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1792.

Bien évidemment, des hommes plaident à l’époque pour le droit de vote des femmes. Parmi eux Condorcet qui s’exprime ainsi : « le droit de s’occuper directement ou par représentant des affaires de leur pays est un droit que les hommes tiennent non de leur sexe mais de leur qualité raisonnable, qui leur est commune avec les femmes ».  Mais ils sont largement minoritaires…

La fin de la Révolution et l’Empire restreignent encore plus le droit des femmes. Napoléon ne souhaite pas que « les femmes se mêlent de la politique » et le code civil de 1804 en fait des mineures à vie sans droit civique.

Des hommes se lèvent à nouveau pour défendre la condition des femmes. Deux d’entre eux : le premier, Charles Fourier. Il est le créateur du fouriérisme vers 1830, ancêtre du féminisme, un mouvement qui prend position en faveur de la liberté de la femme. Le second, Victor Hugo, véritable partisan de l'égalité entre les hommes et les femmes. En juillet 1853, sur la tombe de Louise Julien, proscrite pour s’être opposée au coup d'État de 1852 et exilée à Jersey, il affirme que si " le XVIIIe siècle a proclamé le droit de l’homme, le XIXe proclamera le droit de la femme ; mais il faut l’avouer, citoyens, nous ne nous sommes point hâtés ; beaucoup de considérations, qui étaient graves, j’en conviens, et qui voulaient être mûrement examinées nous ont arrêtés et à l’instant où je parle, au point même où le progrès est parvenu, parmi les meilleurs républicains, parmi les démocrates les plus vrais et les plus purs, bien des esprits excellents hésitent encore à admettre dans l’homme et dans la femme l’égalité de l’âme humaine et, par conséquent, l’assimilation, sinon l’identité complète des droits civiques. ".

La poursuite des protestations féminines

Activiste, journaliste, pamphlétaire, fondatrice de journaux, Hubertine Auclert (1848-1914) est l’une des figures emblématiques des Suffragettes (un terme qui fut utilisé pour la première fois en Angleterre au début du XXe siècle. Il désigne les militantes qui revendiquent le droit de vote pour les femmes). Elle fonde en 1876 la société " Le droit des femmes " qui deviendra plus tard " Le suffrage des femmes " et un journal " La citoyenne ".

L’admirable résistance des femmes durant la seconde guerre mondiale a évidemment servi la cause de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. (http://www.dailymotion.com/video/x1w7qw0_femmes-resistantes-le-role-et-la-reconnaissance-des-femmes-resistantes_school)

En savoir plus : www.senat.fr/evenement/archives/D25/fem.html http://www.senat.fr/evenement/colloque/femmes_resistantes.html

Le droit de vote et d'éligibilité des femmes

Le premier État à avoir accordé le droit de vote aux femmes est la Nouvelle-Zélande, en 1893. Aux États-Unis, ce droit est acquis en 1919, en Turquie, Mustapha Kemal fait adopter ce droit pour les femmes en 1934.

En France, il faudra attendre 1944, soit plus de 50 ans après la Nouvelle-Zélande pour que les femmes soient autorisées à exercer ce droit démocratique. C’est une ordonnance votée par le Comité français de la Libération nationale et signée le 21 avril 1944 par le général de Gaulle depuis Alger, qui permet enfin pour la première fois en France à des millions de femmes de voter lors des élections municipales d’avril 1945.

Voir vidéo : http://www.ina.fr/video/I05251879/premier-vote-des-femmes-video.html

Et après 45?

Depuis, les citoyennes françaises ont quelque peu rattrapé leur retard. Elles doivent en partie ce progrès à la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 relative à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la loi du 6 juin 2000 qui tend à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. Dernièrement, la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a de nouveau apporté une pierre à cet édifice. Elle vient entre autres doubler les pénalités financières en cas de non-respect de la règle de la parité au sein des partis politiques.

En 2015, 16% des maires, 27% des députés et 25% des sénateurs sont des femmes. La Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes (créée par la loi du 12 juillet 1999) a organisé un colloque le 18 mai 2015 à l’occasion de ce 70e anniversaire. De citoyennes passives, les françaises sont devenues citoyennes actives, bien que leur lutte contre le machisme ne soit pas encore terminée.

Image : Edith CRESSON en 2007, première et unique Première ministre en France, du 15 mai 1991 au 2 avril 1992.

Et dans le monde ?
• ocre : Une femme à la tête du gouvernement.

gende :

• ocre : Une femme ayant été ou étant à la tête du gouvernement.
• bleu : Une femme ayant été ou étant à la tête de l'État.
• vert clair : Une femme ayant été ou étant à la tête du gouvernement et de l'État.
• vert foncé : Une femme ayant été ou étant à la tête de l'État et une femme ayant été ou étant à la tête du gouvernement.

 

 

    La chancelière allemande Angela MERKEL avec la Présidente de l'Argentine Cristina FERNÀNDEZ DE KIRCHNER (2010)

     

     

    Margaret THATCHER, première femme Première ministre en Europe (Royaume-Uni, 1979)


    Isabel MARTINEZ DE PERÓN, première femme à devenir Présidente (Argentine, 1974)



    Corazon AQUINO, première femme élue Présidente en Asie (Philippines, 1986)



    Ellen JOHNSON-SIRLEAF, première femme élue au suffrage universel direct à la tête d’un État africain (Liberia, 2005)

     


    Kim CAMPBELL, première Première ministre d'Amérique du Nord (Canada, 1993)