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Droite et gauche : histoire d'un clivage politique

En France, les résultats des élections depuis 30 ans, comme les sondages, montrent que globalement les Français restent attachés à leur orientation politique. Ils se disent "de droite" ou "de gauche" et leur vote évolue peu au cours de leur vie. 

Une minorité (environ 1/5) opère une sorte de synthèse entre les deux, prennent un peu à droite et un peu à gauche, et peuvent, selon les événements et les candidats aux différentes élections, faire pencher la balance entre l’une et l’autre. C’est en partie à eux que l’on doit les « alternances » politiques de ces dernières décennies.

Ainsi, à part pour ces derniers, il existe bien une vraie division politique, on dit généralement un "clivage" entre gauche et droite.

Oui, mais, pourquoi on dit droite et gauche ?

Révolution, quand tu nous tiens !
Illustration : Serment du jeu de paume

Le point de départ est à chercher le 28 août 1789.

Ce jour là, l'Assemblée nationale constituante créée à la suite des États généraux et des événements de mai-juillet (prise de la Bastille le 14 juillet, par exemple) doit prendre une décision importante. La question qui est posée est celle des pouvoirs constitutionnels à accorder (éventuellement) à Louis XVI.

Certains veulent que le Roi conserve un rôle majeur et, qu'en France, s'installe une monarchie constitutionnelle sur l'exemple anglais (un monarque puissant plus un parlement qui dépend plus ou moins de lui). Les partisans de cette solution se regroupent à droite de la tribune.

Ceux qui restent à gauche ne veulent accorder au Roi qu'un "droit de veto suspensif". C'est à dire que si le souverain n'était pas d'accord avec une loi, il pourrait suspendre le travail sur celle-ci pour un temps donné mais ne pourrait ni l'arrêter définitivement, ni l'annuler.

Ce jour là, ceux de "gauche" l'emportent par 673 voix contre 325.

Par habitude, lors des sessions suivantes, les uns et les autres se placeront par affinités de tel ou tel côté de la tribune.

Un XIXème siècle clivant et mouvant
Illustration : Les Misérables, la mort de Fantine

C’est véritablement au XIXème siècle que l’on commence à parler, de droite et de gauche.

La droite y est royaliste et contre-révolutionnaire, favorable à un retour de la monarchie absolue.

La gauche est libérale, héritière des « lumières », défend les libertés individuelles, le libre-échange et le principe d’une monarchie constitutionnelle. Les plus à gauches sont républicains radicaux, révolutionnaires, défendent le peuple, les ouvriers et les laissés-pour-compte de la révolution industrielle.

Tout le XIXème siècle est agité par ces « clivages idéologiques » qui persistent jusqu’à l’instauration de la IIIème République. Après, la question de la royauté devient moindre et les valeurs de la gauche et de la droite évoluent. Le clivage droite/gauche est avant tout fondé sur l’opposition conservatisme/progressisme.

Un exemple de parcours politique : Victor Hugo. Dans sa jeunesse, il est un farouche partisan de la monarchie et est nommé Pair de France sous Louis-Philippe. En 1848, Hugo devient député conservateur et participe à la répression des émeutes ouvrières de juin. Mais la question de la pauvreté le rattrape et il prononce en 1851 un discours très fort, très émouvant, sur « les caves de Lille ». Dans son chef-d’œuvre, « les misérables » (1862) il critique sévèrement la société industrielle et ses effets (Fantine, Cosette). Il est aussi un farouche adversaire de la peine de mort, de l’esclavage, des inégalités sociales, … Sénateur après la Commune de Paris, il sera radical et républicain. Ce qui le classe désormais à gauche.

A l’inverse, les libéraux (partisans de la liberté au XIXème siècle) quittent progressivement la gauche et représentent aujourd’hui un courant politico-économique de droite, qui défend la liberté totale du « marché » et des entreprises face à la société, dont l’État, qui ne doit pas s’occuper d’économie mais seulement exercer des « droits régaliens » (police, armée et relations internationales).

Opposition actuelle des valeurs

Les enquêtes d’opinion (sondages) peuvent t’éclairer sur ces grandes familles politiques actuelles.

Pour ses sympathisants, les valeurs marquantes de la droite sont :

  • La libre entreprise, la réussite individuelle par le travail et l’enrichissement personnel,
  • L’autorité et l’ordre,
  • La tradition,
  • La nation,
  • La famille,
  • La religion,

A l’inverse, les « gens de gauche » se sentent proches de ces valeurs :

  • Le progrès, l’humanisme et le respect de l’individu,
  • La justice sociale et l’égalité des chances,
  • La solidarité,
  • La laïcité,
  • L’antiracisme,
  • L’environnement,
  • La lutte contre le pouvoir de l’argent,

D’autres valeurs « sociétales » sont revendiquées à la fois par l’un et l’autre camp comme la sécurité, la liberté et la justice. Mais le contenu de ces valeurs peut varier selon les inclinaisons politiques des uns et des autres.

L’important c’est de participer

Alors ? Maintenant que tu sais mieux ce que sont l’une et l’autre, tu te sens de droite… ou de gauche ?

Il reste néanmoins que le principal est d’être un citoyen conscient et actif.

Pour ce faire tu peux :

  • T’engager dans un mouvement politique, dans un parti, celui dont les valeurs seront les plus proches des tiennes. Il en existe une dizaine, dont les principaux sont le Parti Socialiste et l’UMP (qui rassemblent à eux deux le plus grand nombre d’adhérents et d’élus), le FN, le Parti de Gauche, le MODEM, l’UDI, le Parti communiste, Europe Ecologie Les Verts, …
  • Adhérer à d’autres mouvements qui font de la politique, associations, syndicats, mouvements collégiens, lycéens, étudiants, …
  • Manifester lors des rassemblements organisés,

Mais le premier geste du citoyen, le plus facile sans doute mais aussi le plus important, c’est de voter lors des élections pour désigner celle ou celui qui te représentera aux différents niveaux de la « vie de la cité » comme le disaient grecs et romains antiques, de la République.