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Qu'est-ce que le Brexit ?

11 mars 2019

Le mot Brexit vient de la contraction de « British Exit », qu’on utilise pour désigner le processus de sortie de l’Angleterre, de l’Écosse, du pays de Galles et de l’Irlande du Nord de l'Union européenne (UE). Le 29 mars 2019, le Royaume-Uni cessera en théorie d’être membre de l’UE. Sénat Junior t’en dit plus.

 

Lors de la campagne électorale pour sa réélection comme Premier ministre britannique, David Cameron avait fait la promesse d’organiser un référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne. C’est un débat ancien puisqu’il date de 1973 et de l’adhésion du royaume à la Communauté économique européenne (CEE). Depuis, les hommes politiques britanniques se positionnent dans l’un ou l’autre camp.

Le référendum se tient le 23 juin 2016 et crée une énorme surprise à travers toute l’Europe : 51,9 % des électeurs britanniques font le choix de quitter l’Union européenne ! David Cameron lui-même n’y croyait pas et démissionne quelques jours plus tard. C’est Theresa May qui doit négocier l’accord de sortie avec les 27 autres pays membres de l’Union.

Le retrait d’un État de l’Union européenne est prévu par l’article 50 du traité sur l’Union européenne. Mais en pratique, cela ne s’est jamais produit. Les négociations pour régler les conditions de sortie du Royaume-Uni durent deux ans et prennent fin le 29 mars 2019 : sortir d’une union politique étroite, avec des règles communes et de nombreux engagements économiques, douaniers et financiers croisés ne s’improvise pas. Le négociateur en chef pour l’Union européenne est un Français, Michel Barnier, ancien sénateur et ancien ministre. 

Les négociations ont été compliquées. Aucun accord n’a été trouvé sur plusieurs points délicats :

  • la somme à verser par Londres pour honorer les engagements britanniques pris dans le cadre du budget européen, qui ont une portée juridique du point de vue de droit international  ;
  • le statut des citoyens européens installés au Royaume-Uni et celui des citoyens britanniques habitant dans les autres États membres (beaucoup d’Anglais aiment par exemple prendre leur retraite en Bretagne ou dans le Sud-Ouest de la France) ;
  • le statut de la frontière entre les deux Irlande : l’Irlande du Nord et la République d’Irlande ont été en conflit pendant plus de 50 ans à propos de questions tant civiles que religieuses. Le retour d’une frontière pourrait fragiliser la paix conclue en 1998.

Deux principaux scénarios sont envisageables :

  1. le Royaume-Uni parvient à négocier une union douanière avec l'UE et un partenariat plus ou moins étroit avec l’Europe des 27 ;
  2. le « no-deal », un divorce brutal sans accord, où les questions ne sont pas réglées.


Les pleins effets du Brexit sont difficiles à prévoir. Certains estiment que la sortie du Royaume-Uni est une catastrophe : l'UE voit partir une grande puissance, une place financière de premier plan, le premier partenaire diplomatique des États-Unis en Europe ainsi qu’une importante armée régulière, ce qui peut entraîner un ralentissement économique pour toute la zone. Ce départ aura des conséquences sur les secteurs de la pêche, des transports, de l’agriculture et du commerce, sur les migrations, sur la défense, sur la santé financière et économique de toute l’Europe, sur les relations diplomatiques, etc.

D'autres pensent que le Brexit peut être une chance : le Royaume-Uni est historiquement un pays peu favorable à une intégration européenne poussée, sa sortie peut inciter les autres États à se remobiliser pour le projet européen. Les Anglais ont adhéré plus tard que les Français au projet européen et n’ont jamais voulu, par exemple, adopter l’euro.

Dès le début des discussions, le Sénat français a mis en place un groupe de suivi sur le retrait du Royaume-Uni et la refondation de l’Union européenne, composé de 20 sénateurs des commissions des affaires étrangères et des affaires européennes. Ses membres se sont rendus à Londres et à la frontière avec l’Irlande. Ils ont entendu de nombreux hommes politiques, diplomates et experts européens pour se faire une idée précise des effets prévisibles du Brexit. De nombreuses autres instances du Sénat se sont elles aussi intéressées au Brexit et à ses conséquences.