Pollution plastique : une bombe à retardement ?
13 janvier 2021
Début décembre 2020, l’OPECST a publié son rapport sur la pollution par les plastiques.
Nous t’avons déjà parlé, dans d’autres dossiers, de l’OPECST.
L’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Techniques regroupe 36 sénateurs et députés qui étudient les différents sujets sur les sciences et techniques qui nous concernent. En 2020, tu le comprendras facilement, ils ont beaucoup travaillé sur les vaccins contre la COVID, mais aussi sur les déchets nucléaires, l’hydrogène et la production d’énergie à partir des plantes, la pollution, les fongicides, le cannabis et ses dangers et... le plastique.
Sans entrer dans les détails et grâce aux dessins d’Olivier Sampson (réalisés pour ce rapport), nous allons voir pourquoi l’OPECST pense que l’omniprésence du plastique, et la pollution qu’il provoque, est une bombe à retardement.
Pourquoi utilisons-nous autant de plastique ?
D’abord il est faux de dire « le plastique » car il y en a de multiples sortes. Globalement, on prend des « polymères fossiles » (issus du pétrole – 99 % des plastiques) ou des végétaux « biomasse », on y ajoute des produits chimiques (plastifiants) pour les rendre utilisables et des additifs pour la couleur et autres qualités.
Certains sont recyclables parce qu’on peut faire fondre et réutiliser les anciens objets (thermoplastiques - bouteilles par exemple – 80 % de la prodcuction). Les 20 % qui restent, que l’on appelle thermodurcissables, ne peuvent qu’être jetés.
3e matériaux le plus fabriqué dans le monde après le ciment et l’acier (438 millions de tonnes en 2018 – 1 milliard vers 2050), nous utilisons énormément de plastique parce que c’est facile et pas cher à produire, léger, souple, résistant, stable, adaptable à de très nombreuses formes, le plastique est aussi durable.
Le problème est que 81 % des plastiques produits deviennent des déchets au bout d’un an.
Macro, micro et nanoplastiques : des déchets de toutes tailles
Tu as déjà vu trainer un morceau de bouteille de soda par terre. C’est un macroplastique, soit un morceau de déchet de plus de 5 mm. Comme il est visible, chacun pourrait le ramasser et le recycler (s’il entre dans la catégorie des thermoplastiques). Mais dans de nombreux pays, les déchets ne sont pas, ou mal, ramassés, triés et recyclés. Ils finissent en pollution dans la mer ou dans d’immenses décharges. En France, ce sont 900 000 tonnes de plastiques qui sont enfouies (soit 32,5 % de la consommation). Ce n’est pas, de loin, la pire situation, mais c’est énorme !
Lorsque les plastiques sont abandonnés dans l’environnement, ils se dégradent et se fragmentent en tout petits morceaux (jusqu’à 1 nm= un milliardième de mètre) qui se diffusent dans l’environnement sous forme de toutes petites fibres, de films, granulés, mousses ou microbilles.
Le problème est que l’on ne sait pas qu’ils sont là (insidieux) et qu’il est facile de les ingérer (manger) par les hommes ou les animaux. Ceux qui mangent du poisson (par exemple) en avalent sans s’en rendre compte. Ou de les respirer : par exemple les particules des pneus, qui perdent environ 2 kg de matière au cours de leur usage.
Quant aux nanoplastiques (encore plus petits) leur étude commence à peine mais leurs effets sur la nature et la santé pourraient être préoccupants.
Une menace pour toute la planète
Si l’on pense bien entendu aux « îles » de plastique retrouvées dans les mers, la pollution maritime vient à 80 % des activités humaines sur terre. Le reste provient des filets de pêche abandonnés (640 000 tonnes) et autres activités marines de l’homme.
Mais la pollution plastique ne s’en prend pas qu’à la mer. On la retrouve dans la terre, les eaux douces (rivières, lacs, nappes phréatiques) et l’air.
Cette omniprésence a des conséquences sur la vie et l’économie.
Les Nations Unies évaluent à 8 milliards de $ la perte économique que subit le monde de la mer (pêche, tourisme, transport). 1,5 million d’oiseaux et 14 000 mammifères meurent chaque année en avalant du macroplastique. Les substances chimiques du plastique peuvent contaminer les êtres vivants et les fœtus (perturbateurs endocriniens, polluants persistants, toxiques, contaminants divers), mais aussi servir de « cachette » pour des espèces néfastes ou dangereuses (dinoflagellés toxiques qui s’attaquent aux huîtres par exemple).
Les auteurs du rapport écrivent :
« […]il apparaît urgent de faire jouer le principe de précaution et de prendre dès maintenant des mesures adaptées pour lutter contre les fuites de plastiques dans l’environnement. »
Une prise de conscience générale des dangers réelle mais insuffisante
Le droit et plusieurs conventions internationales, l’Union européenne, s’emparent petit à petit du sujet et une directive (UE) interdit, à partir du 3 juillet 2021, la mise sur le marché des cotons tiges, des couverts, des assiettes, des pailles, des bâtonnets mélangeurs, des tiges de ballons, des récipients pour aliments et des récipients pour boissons en polystyrène ou en plastique.
En France, plusieurs lois ont été votées depuis 2015 qui visent à éviter le gâchis du plastique à usage unique. État, parlement, collectivités territoriales (départements, villes,…), associations, citoyens, entreprises mais aussi scientifiques sont de plus en plus impliqués dans la volonté de réduire les déchets plastiques.
Mais il faudra résoudre la question de l’efficacité du recyclage (seulement 29 % du plastique a été recyclé en France en 2019) et trouver des solutions à ses limites.
Il faudra aussi, dit le rapport, rendre moins « timides » les politique de réduction des déchets, trouver des remplaçants acceptables, mettre en place des vraies structures pour la réutilisation des emballages utilisés et trouver une vraie stratégie pour lutter contre la pollution chimique plastique.
Recommandations du rapport
Après le constat, les auteurs du rapport se sont penchés sur des solutions à apporter et ont listé un grand nombre de propositions en 8 catégories :
- Sensibiliser, éduquer et impliquer les citoyens
- Réduire la production de plastique
- Contre la pollution, prévenir les fuites de plastiques dans l’environnement
- Favoriser le réemploi des matières, la consigne,…
- Rendre le recyclage plus efficace
- Soutenir la recherche
- Contrôler et évaluer les lois qui touchent à la production et l’utilisation de plastiques
- Faire avancer les actions, lois et traités européens et mondiaux
L’ensemble des recommandations se trouve dans le document « L’essentiel sur… » disponible en PDF ici
Découvre le rapport grâce aux illustrations d’Olivier Sampson
Le rapport sur le site du Sénat
Les travaux de l’OPECST sur le site du Sénat
Une lecture bien emballée !