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Le Sénat contre les violences éducatives ordinaires

Violences éducatives ordinaires : le Sénat vote la loi « anti-fessée »

10 juillet 2019

Mardi 2 juillet 2019, le Sénat a voté une loi de l’Assemblée nationale qui précise que « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».

Les médias ont déjà surnommé cette loi : la loi anti-fessées.

Elle inscrit dans le code civil - ce gros livre créé par Napoléon qui compile toutes les lois relatives aux relations entre les personnes – l’interdiction des violences corporelles et psychologiques : agressivité, insultes, humiliations, claques, fessées, tapes, etc.

À l’origine d’une proposition de loi identique adoptée par le Sénat en mars 2019, la Sénatrice Laurence Rossignol déclarait :

«[il est] indispensable de délivrer aux familles un message clair : on peut élever des enfants sans les frapper ni les humilier. »

La loi et la position du Sénat

La Sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie écrit dans le rapport qui a servi de base de travail aux Sénateurs :

les  enfants  élevés  dans  un environnement non violent deviennent, à l’âge adulte, des citoyens pour lesquels  la  violence  n’est  pas  un  mode  légitime  de  résolution  des  conflits.  Il  en résulte des rapports sociaux plus apaisés, y compris au sein du couple ou de la famille.

Il faut donc comprendre que l’inverse est vrai aussi.

La Fondation pour l’enfance affirme, sur son site internet :

Les pratiques de violence ordinaire peuvent conduire à des impasses éducatives graves, et parfois même à des situations de maltraitance. Toute forme de violence peut avoir un retentissement sur l’enfant.

Le but du texte voté au Sénat et identique à celui validé par les députés est donc :

d'avoir une base légale nécessaire pour mettre en place des campagnes d'informations, la formation de professionnels, un affichage chez les médecins...

Un texte contre ceux qui affirment qu’éduquer c’est punir

Malgré l’unanimité du vote, quelques voix se sont élevées (pas uniquement au Parlement) pour tenter de diminuer la gravité de certains gestes, disant, par exemple, qu’une fessée donnée exceptionnellement, face à une faute grave, n’était pas obligatoirement un geste violent.

Elle ferait partie des gestes éducatifs.

Dans notre enfance, nous avons tous pris au moins une fessée, suite à une grosse bêtise ! Cela nous a servi de leçon !

Donner une tape sur les fesses, ce n’est pas être violent !


Face à certains comportements d’enfants, il faut comme même pouvoir faire comprendre que ce n’est pas bien.


Je ne suis pas une criminelle parce que j’ai donné une fessée quand même !

Des témoignages de quelques parents.

Le problème, c’est que si on tolère une  petite « tape sur la main », très rare, on finit par tolérer des violences plus régulières, plus graves, plus blessantes. C’est pourquoi le législateur souhaite maintenant affirmer que tout cela est interdit.

C’est naturellement aux parents – et plus généralement aux adultes – que s’adresse cette loi.

Elle pourra servir de base à des campagnes d’information (chez les médecins, dans la presse, peut-être aussi dans les écoles) qui expliquent qu’il existe d’autres moyens pour se faire obéir, sans violence, ni physique, ni verbale ou psychologique.

Comment éduquer sans punir ?

Une des « méthodes » pour y parvenir est « l’éducation bienveillante » ou la CNV (communication non violente).

Les spécialistes écrivent que les enfants qui se moquent, qui provoquent, qui « cherchent », qui répondent ou qui font des bêtises essaient de trouver un cadre où ils pourront le plus s’exprimer (être eux-mêmes), jusqu’à ce qu’ils trouvent des limites.

Le but des parents est de permettre aux enfants d’aller le plus loin possible dans l’expression de leur singularité, mais en posant des limites qui sont celles du « vivre ensemble ».

Pour cela, ils doivent « expliquer » pourquoi le comportement de l’enfant n’est pas admissible et « exposer » les conséquences de ses actes.
Dans le calme et sans violence.

Quelques chiffres effrayants !
  • 70 enfants meurent sous les coups (de leurs parents, de leurs proches) chaque année, en France.
     
  • 10% des 13 700 000 enfants sont reconnus comme maltraités.
     
  • 50% des enfants violentés le sont avant l’âge de 2 ans.
     
  • 85% des parents avouent avoir recours aux punitions corporelles ou aux violences verbales, selon le site de la Fondation pour l’enfance (http://www.violence-educative.fondation-enfance.org) . Une majorité de Français estime qu’une fessée ne traumatise pas l’enfant à vie.
     
  • 71,5% des parents reconnaissent donner parfois de « petites gifles ».
     
  • 19, c’est l’article de la Convention Internationale sur les droits de l’enfant, signée par la France, qui donne obligation aux États de protéger les enfants contre toute violence. Les États-Unis et la Somalie sont les deux seuls à ne l’avoir pas signée !
     
  • 54 pays interdisent les châtiments corporels à l’encontre des enfants. La France n’est QUE la 55e. La Suède, la première, a voté des lois sur la violence envers les enfants dès 1979.