Vers une alimentation durable : des sénateurs pour changer le contenu de nos assiettes !
3 juin 2020
Tu ne le sais peut être pas, mais il existe, au Sénat, une délégation (groupe de sénatrices et sénateurs chargé d’un sujet précis) qui s’occupe de notre futur. Son but exact est de « réfléchir aux transformations de la société et de l'économie ». Son nom est : Délégation à la prospective.
Au printemps 2020, la délégation s’est occupée de notre alimentation, de ce que tu vas ou pourrais avoir (ou ne plus avoir) dans ton assiette ces prochaines années.
« Alors qu’il faut nourrir une population qui devrait atteindre 9 à 10 milliards d’êtres humains vers 2050, il apparaît […] que les systèmes alimentaires qui se sont développés […] ne sont pas durables en termes de consommation de ressources naturelles, d’impacts sur le climat et sur la biodiversité ou encore de santé. […] Leurs impacts négatifs soulèvent des oppositions croissantes sur le plan politique, social et éthique [moral], mais ils suscitent aussi des doutes croissants quant à leur efficacité économique réelle ».
En clair, une bonne partie de la nourriture produite aujourd’hui n’est pas écologique, ne favorise pas toujours une bonne santé, est de plus en plus refusée par la population et n’est pas forcément financièrement rentable.
Pour faire reculer ces points négatifs, la Délégation a présenté 20 propositions, regroupées en quatre catégories : renforcer l’indépendance de la France et de l’Europe dans l’approvisionnement de nourriture, encourager la production de légumes secs tant pour l’écologie que pour l’économie, faire profiter à tous de la « consommation durable » et lutter contre la malnutrition (c’est le fait de mal se nourrir, trop peu ou trop mal) comme renforcer la sécurité autour des aliments.
Nous allons voir ces propositions alléchantes plus en détail.
Le but est de favoriser et de sécuriser la production alimentaire en France et en Europe, mais aussi de repeupler les campagnes (ou d’éviter qu’elles se vident).
1. Reprendre la culture et la production de certaines graines ou aliments importés aujourd’hui du « bout du monde ». Par exemple le soja qui est massivement cultivé en Amérique du nord et au Brésil et exporté chez nous par bateaux entiers.
2. Stimuler la recherche sur les plantes et les cultures pour une production plus saine et durable.
3. Soutenir et encourager la production et la consommation locales, ce qui permet des produits de meilleure qualité, accroît la confiance des consommateurs dans ces produits et favorise le développement des campagnes.
4. Encourager, financièrement, l’installation de nouveau « producteurs » au niveau local.
Haricots secs, lentilles, fèves, petits-pois, pois chiches, pois cassés, soja,… Voilà les légumineuses (graines qui font légumes).
Elles sont riches en protéines (source d’énergie, comme la viande) et, contiennent des vitamines B, C, G, H et M, nécessaires pour la santé : système immunitaire, peau, système nerveux, renouvellement des cellules du sang,… Écologiquement, leur culture n’utilise pas beaucoup d’engrais et le fait relocaliser la production en Europe permettrait de limiter la déforestation (au Brésil par exemple). En plus, elles se conservent longtemps (un an pour certaines) dans le placard, ce qui évite le gâchis.
5. Revaloriser leur image auprès des particuliers mais aussi des cuisiniers professionnels (étoilés), plus et mieux parler de leurs qualités nutritionnelles.
6. Réorienter les aides de la PAC (Politique Agricole Commune européenne) vers la production de ces légumes secs.
7. Encourager la production en signant des contrats avec les producteurs pour plusieurs années. Ils pourront ainsi investir et travailler plus sereinement.
8. Encourager la recherche et le développement de variétés à la fois plus productives (qui donnent plus pour une même surface cultivée) et moins sensibles aux problèmes (météo, par exemple).
9. Renforcer la résistance aux effets des « changements climatiques « (réchauffement de la planète, par exemple) en créant de la diversité dans les cultures et en répartissant mieux le type de cultures dans le paysage.
10. Redonner à l’alimentation un équilibre : moins de viande dans les assiettes. Un rééquilibrage entre l’élevage (des animaux) et la production de légumineuses permettrait de réduire les émissions de « gaz à effet de serre », entre autres.
De nombreuses études, ces dernières décennies, montrent que la « mal-bouffe » touche plus les milieux populaires que les autres catégories de la population. Pour rééquilibrer, il faut informer, repenser les recettes des aliments déjà préparés et agir sur les prix des bons aliments pour qu’ils soient accessibles à tous.
11. Sensibiliser les Français à l'intérêt des produits durables avec le double objectif de « sobriété » (moins de calories, moins de gaspillage) et de « diversification » (introduire de nouveaux produits, rééquilibrer l’alimentation entre les végétaux et la viande).
12. Rendre plus saine l’alimentation en retirant des plats industriels, mais aussi de ceux que l’on trouve dans les distributeurs automatiques, le trop plein de sel, de sucre et de graisses. Interdire les aliments en « Nutriscore » D ou E dans les allées centrales des supermarchés (où ils sont faciles d’accès et mis en avant), mais aussi leur publicité à la télé ou au cinéma en direction des enfants et des jeunes.
13. Réduire le prix des aliments sains (par des aides) et mettre en place un système de « chèque alimentation saine » qui pourraient servir pour acheter des produits bons pour la santé.
14. Éduquer et informer à la fois sur le plaisir que l’on peut avoir à manger ces aliments mais aussi sur leurs bienfaits.
Il y a de fortes chances pour que tu sois déjà informé sur les questions de la "malbouffe". Tes instits ou tes profs ont dû t’en parler pendant les cours, à moins qu’il n’y ait eu des « actions » de sensibilisation, d'information ou des repas spéciaux à la cantine. Mais il semble qu’une information et des actions plus directes soient nécessaires. Et les enjeux sont de taille, à plusieurs niveaux, c'est ce que souligne le rapport des sénatrices et sénateurs.
15. Lutter contre la dénutrition (c’est-à-dire ne pas avoir assez à manger ou, plutôt, ne pas avoir les bons apports nutritionnels) des personnes âgées et précaires (trop pauvres).
16. Lutter contre les comportements alimentaires qui pourraient être dangereux : régimes sans contrôle médical, amaigrissants ou privatifs (vegan) ou, à l’inverse, surconsommation, obésité, obésité morbide,…
17. Soutenir la recherche sur les effets sur la santé des pesticides ou des ajouts « chimiques » dans la nourriture.
18. Mettre en place une véritable éducation à l’alimentation durable en abordant l’ensemble des sujets (nutritionnels, économiques, culinaires).
19. Ajouter à cette éducation des recommandations écologiques.
20. Faire que la « transition alimentaire » devienne une priorité publique, portée par l’État.
Bon appétit !