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Barbelés © Vladimir Wrangel Fotolia

L'esclavage

Jeudi 16 mai 2013

Le 10 mai dernier, le Président de la République et le Président du Sénat ont participé, dans le jardin du Luxembourg, aux cérémonies de la 8ème Journée nationale  des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Qu’est-ce que l’esclavage ? Celui-ci existe-il encore aujourd’hui dans le monde et en France ?

De l'esclavage antique à la traite des esclaves
Ile de Gorée ©Marc LE FAUCHEUR - Fotolia

Un esclave est une personne qui n’est pas libre car elle appartient, comme un objet, à une autre personne. Elle doit lui obéir en toutes circonstances et travailler pour elle sans être payée.

Apparu dans l’antiquité, l’esclavage est largement répandu dans la Grèce antique ou au sein de l’Empire Romain. On estime par exemple qu’au IVeme siècle avant Jésus-Christ à Athènes, le nombre d'esclaves s'élevait à 250 000, soit près d’un habitant sur deux.

L’esclavage a aussi été largement présent dans le monde arabe ou encore en Chine.

À partir du XVIe siècle, avec le développement des colonies, les Européens mettent en place un véritable système organisé de réduction en esclavage de population entière. Ce système toucha particulièrement les populations des colonies d’Afrique, c’est ce qu’on appelle la « traite négrière » ou le « commerce triangulaire ».

Un certain nombre de pays européens, parmi lesquels la France, échangeaient des produits manufacturés (toiles, armes...) contre des hommes et des femmes en Afrique, pour aller les revendre comme esclaves aux Antilles et aux Amériques. Puis, avec l'argent de la vente, ils rechargeaient leurs bateaux de sucre, de café et d'épices qu'ils vendaient à prix d'or de retour en Europe.

De 1450 à 1869, plus de 11 millions d’Africains sont déportés en Amérique de cette façon. En France, les navires négriers partaient de quatre ports : Le Havre, La Rochelle, Bordeaux et Nantes.

La traite des esclaves : un crime contre l'humanité
L'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises - Auguste François Biard (1849) - Palais de Versailles

Le chemin vers l’abolition de l’esclavage a été long.

Alors que la France révolutionnaire avait aboli l'esclavage dès 1794, Napoléon Ier le rétablit en 1802.

Il faut attendre 1848 pour que l'esclavage soit, définitivement, aboli (l'Angleterre a précédé la France en abolissant l'esclavage en 1807). Le décret est rédigé  le 27 avril par Victor Schœlcher qui deviendra sénateur par la suite :

Disons nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la Terre, l’asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine toute entière.

Aux Etats-Unis, Abraham Lincoln signe l'abolition de l'esclavage sur l'ensemble du territoire américain le 18 décembre 1865 : 

En donnant la liberté aux esclaves, nous assurons celle des hommes libres.
Abraham Lincoln issue de Message au Congrès de décembre 1862


Le dernier pays esclavagiste à avoir officiellement aboli l’esclavage est la Mauritanie en 1980 !

Le 10 mai 2001, le Sénat adopte une loi par laquelle la France reconnait que la traite et l'esclavage constituent un crime contre l'humanité (loi n° 2001-434 du 21 mai 2001).

La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.
Article 1 de la Loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité

La date du 10 mai a été retenu pour la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Mais si l’esclavage est aboli dans les textes, celui-ci n’a pas pour autant totalement disparu...

L'esclavage moderne
Affiche les Echos de la Mémoire 2013

Aujourd'hui l'esclavage persiste sous de nouvelles formes, en violation de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1948 qui indique dans son article 4 :

Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.

Le code pénal en France punit le travail forcé et la traite des êtres humains de 5 à 7 ans de prison et de 150 000 euros d’amende. Le 15 mai 2013, l’Assemblée nationale a adopté une disposition visant à punir l’esclavage moderne de 15 ans de prison. Le projet de loi comportant cette disposition doit maintenant être examiné par le Sénat pour devenir une loi.

En France, on estime à quelque milliers le nombre de « domestiques » employés illégalement et subissant des conditions de travail contraires à la dignité humaine (absence de rémunération, violences physiques et morales…).

Dans le monde, la traite des êtres humains concerne des millions de personnes. On estime par exemple à 2 millions le nombre de femmes prostituées en Thaïlande.

Enfin, le travail des enfants est encore largement répandu dans de nombreuses régions du monde. En Inde, par exemple, des enfants travaillent dans des fabriques de verre à côté de fours dont la température peut atteindre 1600°C. Au Pakistan, les journées de travail peuvent atteindre 20h...

L’effondrement, le 24 avril 2013, d’un immeuble abritant des ateliers de textile dans la banlieue de Dhaka, au Bangladesh, faisant plus de 1100 morts, nous rappelle que des millions d’enfants et de personnes travaillent encore chaque jour en tant qu’esclaves ou dans des conditions proches de l’esclavage.

Aujourd’hui, il existe plusieurs labels permettant  de nous informer que l’entreprise qui a fabriqué le produit assure à ses employés des conditions de travail décentes. On peut notamment citer :

-          Le Pacte Mondial de l’ONU auquel plus de 7000 entreprises ont adhéré ;

-          Le label « Fair Trade » de la fondation Max Havelaar

Mais il reste encore beaucoup de travail pour établir un vrai label accepté par toutes les entreprises et surtout que cela se traduise réellement dans les conditions de travail de chacun.

Enfin, la liberté n’est pas un don de la nature ou un acquis de la civilisation, c’est un apprentissage, une conquête de chaque jour, une victoire jamais achevée. En un mot, la liberté c’est une responsabilité dont les peuples comme les êtres doivent savoir être dignes. Et continuer à se battre pour elle, au nom du progrès et de l’humanité.
François Hollande, Président de la République, 10 mai 2013

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