Les élections présidentielles américaines
Jeudi 31 décembre 2015
Le 20 janvier 2017 le nouveau Président (ou la nouvelle Présidente) des États-Unis prêtera officiellement serment. Il (ou elle) sera le 45e Président des USA et succédera à Barack Obama.
Mais c'est le 8 novembre 2016 que se termineront les élections présidentielles américaines et que nous connaîtrons son nom.
La « course à la Présidence » a déjà commencé depuis longtemps aux États-Unis et, quasiment depuis le début de l'année 2015, nous entendons parler de ces élections et des différents candidats déclarés, potentiels ou pressentis : Donald Trump, Hillary Clinton, Jeb Bush ou Marco Rubio par exemple. Maintenant les candidats des deux grands partis ont été désignés. L'élection présidentielle américaine opposera Donald Trump à Hillary Clinton.
Pourquoi si tôt ?Comment ces candidats ont-ils été désignés ? Le processus électoral américain est compliqué et se déroule en plusieurs étapes avant la date de l'élection proprement dite...
Tout d'abord, un petit calendrier des différentes étapes de l'élection présidentielle américaine :
• 1er février 2016 -> début juin 2016 : primaires
• avril – juin 2016 : désignation des candidats de chaque parti et nomination des colistiers
• juillet 2016 : conventions des partis
• septembre – octobre 2016 : débats entre les candidats
• 8 novembre 2016 : Election Day – Élection des 538 grands électeurs qui élisent le Président
• 20 janvier 2017 : Inauguration Day – Serment et entrée en fonction du Président
Pour être candidat, il faut :
◦ avoir plus de 35 ans (18 ans en France),
◦ être américain de naissance,
◦ NE PAS avoir habité HORS des États-Unis dans les 14 années précédant l'élection,
◦ et ne pas avoir été Président déjà deux fois (22e amendement de la Constitution – 1947). Barack Obama, George W. Bush ou Bill Clinton, par exemple, ne peuvent donc plus être candidats.
Les États-Unis sont une république fédérale. « Fédérale » signifie qu'elle est composée de 50 États et de 14 territoires autonomes qui se rassemblent pour former un État plus grand et plus fort avec une autorité supérieure commune (le Président, le Congrès), une armée commune, une police commune (le fameux FBI), etc.
L’élection présidentielle américaine se déroule donc dans chacun de ces (nombreux) États.
Le scrutin est universel indirect. Dans chaque État, contrairement aux élections présidentielles en France, les citoyens américains ne votent pas directement pour le candidat à la Présidence mais désignent les Grands Électeurs de leur État qui éliront ensuite le Président. Leur nombre varie de 3 au minimum dans les plus petits États (comme le District Of Columbia qui abrite la capitale Washington) à 55 pour la Californie, le plus peuplé des États du pays. Il y a au total 538 Grands Électeurs.
En France, nous avons aussi une élection universelle indirecte, c'est celle des sénateurs : les citoyens français élisent les grands électeurs (députés, maires, conseillers municipaux, conseillers régionaux, conseillers départementaux…) qui élisent à leur tour les sénateurs.
Le candidat qui remporte la majorité des voix d'un État se voit attribuer tous les Grands électeurs de celui-ci. Seuls le Nebraska et le Maine appliquent la proportionnelle. Ce système peut aboutir à une situation où le Président élu n'a pas obtenu la majorité des suffrages de la population. C'est ce qui s'est passé en 2000 lors de la première élection de Georges W. Bush.
Le candidat qui obtient 270 Grands électeurs ou plus devient (ou reste) Président des États-Unis.
On entend souvent parler des « Démocrates » et des « Républicains » aux États-Unis, comme s'il n'y avait que deux partis politiques. Mais même si les candidats ayant le plus de chance d'être élus sont issus de ces deux partis, il y a environ une douzaine de candidats à chaque élection. Il existe donc un bipartisme « de fait » mais qui n'est pas inscrit dans la Constitution. Depuis 1853, le Président des États-Unis a toujours été issu de l'un des deux grands partis.
Chacun de ces partis est symbolisé par une couleur et un animal : le rouge et l'éléphant pour les Républicains et le bleu et l'âne pour les Démocrates.
Pourquoi ces animaux pour représenter un parti politique ?
En fait, cela vient d'un caricaturiste réputé du XIXe siècle, Thomas Nast.
Fervent républicain, il représenta le parti démocrate sous la forme d'un âne dans un dessin réalisé à la suite de la mort d'Edwin Stanton, Secrétaire à la Guerre du président Lincoln. Stanton était démocrate et Lincoln républicain. Stanton avait soutenu Lincoln pendant la guerre de Sécession et avait été violemment critiqué par une grande partie des démocrates. Thomas Nast représenta alors Stanton en lion mort auquel un âne donnait des coups de pieds.
Depuis l'âne représente le parti Démocrate !
L'origine de l'éléphant pour le parti Républicain vient aussi d'une caricature. Thomas Nast, en 1874, publia un dessin destiné à faire comprendre au public la bêtise de penser que le président de l'époque voulait établir une dictature. Il dessina alors dans une forêt différents animaux représentant des partis, des idées ou des journaux terrifiés par cette idée. Parmi ces animaux,il y avait un éléphant avec l'étiquette "Votez républicain".
Cet animal ne cessa par la suite de personnifier le parti Républicain...
Résultats des élections présidentielles depuis 1856 (En rouge, les États remportés par les républicains. En bleu, ceux remportés par les démocrates )
Traditionnellement, du fait de leur population et de l'histoire, certains États ne votent QUE Républicain (le Texas par exemple) et d'autres QUE Démocrate (la Californie ou le Maine, entre autres).
En revanche, une douzaine d'États peuvent basculer d'un côté ou de l'autre et ainsi faire élire un Président de tel ou tel camp. On les appelle les "Swing States". Les candidats ont alors tendance à délaisser les États qui leur sont acquis et concentrent leurs efforts sur la Floride, l'Ohio ou la Pennsylvanie, par exemple.
Les primaires sont les élections internes aux partis politiques pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle.
Habituellement, lorsqu'un Président en exercice peut se représenter il est « naturellement » le candidat de son parti. Ce dernier n'organise donc pas de primaires.
• Les primaires se dérouleront entre le 1er février et début juin 2016 selon les États et les territoires.
• Dans certains États ce sont les partis eux-mêmes qui organisent les primaires. On appelle cela des « caucus ».
• Parfois il faut être inscrit comme Démocrate ou Républicain pour pouvoir voter à la primaire de son parti. Ailleurs, le scrutin est plus ouvert, mais on ne peut voter qu'une seule fois.
Lors des primaires sont élus des délégués. Attention, les délégués des partis ne sont pas obligatoirement les futurs « grands électeurs ».
Le candidat qui, à la fin des primaires, recueille le plus grand nombre de délégués est assuré d'être celui de son parti pour l'élection présidentielle.
Le vainqueur peut alors désigner son colistier (le futur vice-président s'il est élu) afin de faire ce qu'on appelle un "ticket". Le plus souvent, le candidat à l'élection présidentielle prend comme colistier celui qui est arrivé deuxième aux primaires de son parti.
Conventions des partis et débats
C'est avec les « conventions » des partis que commence l'élection générale.
Il s'agit de grands rassemblements où se réunissent tous les délégués autour de leur « nouveau » candidat. On y parle politique en coulisse mais le plus important semble être la participation active de la presse. La télévision diffuse les discours des uns et des autres et montre des scènes de public en liesse qui agite des pancartes aux noms des candidats, des drapeaux américains et applaudit au moindre bon mot.
La convention Républicaine et la convention Démocrate se déroulent généralement à une semaine d'intervalle. Chaque convention dure 4 jours.
Vient ensuite le temps des débats télévisés entre les candidats.
Depuis les années 60 et le fameux face à face entre Kennedy et Nixon, les débats télévisés sont devenus les points forts des élections. Face à des questions d'actualité de politique et d'économie, les candidats peuvent y montrer leurs forces mais aussi dévoiler leurs faiblesses.
Les élections présidentielles américaines sont un vrai show télévisé. Les candidats s'affrontent, parfois violemment, par publicités interposées, et les meetings sont l'occasion de rassembler des milliers de personnes, d'obtenir le soutien de stars et sont largement diffusés à la télévision et sur Internet. En 2012, plus de 60 millions de téléspectateurs ont suivi les débats entre Barack Obama (D) et Mitt Romney (R) ! Les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook sont devenus un élément essentiel et indispensable dans la course à la Présidence.
Les candidats à la vice-Présidence « s'affrontent » aussi lors de grands débats.
Election Day
Les élections sont fixées le mardi suivant le premier lundi de novembre, soit le 8 novembre en 2016. A New-York ou Hawaï, par exemple, ce jour est férié pour permettre au plus grand nombre d'aller voter (même si l'abstention reste massive aux États-Unis, autour de 50% ).
Les Américains sont appelés aux urnes pour élire les Grands électeurs de leur État pour la présidentielle mais aussi, bien souvent, on regroupe ce jour là des élections aux fonctions gouvernementales de l'État ou locales, ainsi que des référendums.
Cela donne des élections extrêmement compliquées avec souvent plusieurs bulletins. Depuis longtemps, les urnes ont été remplacées par des machines à voter électroniques et/ou des cartes perforées.
Il est possible de voter par anticipation, par correspondance ou en personne : en 2012, près de 30% des Américains, ont voté comme cela.
Le vainqueur prend officiellement ses fonctions quelques semaines plus tard lors d'une cérémonie au Capitole à Washington (20 janvier 2017) où il prête serment :
« I do solemnly swear (or affirm) that I will faithfully execute the office of President of the United States, and will, to the best of my ability, preserve, protect, and defend the Constitution of the United States. »
« Je jure (ou affirme) solennellement que j'exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis. »
Depuis Franklin D. Roosevelt, les Présidents ajoutent, la main sur la Bible : So help me God (Que Dieu me vienne en aide)