Harcèlement scolaire : il faut que cela cesse !
9 mai 2023 / 18 septembre 2023
On en parle trop peu et on a parfois tendance à minimiser le sujet mais beaucoup d'élèves, enfants et adolescents, sont concernés par le harcèlement. Il touche tous les âges, les filles aussi bien que les garçons.
Quelques chiffres pour prendre la mesure du phénomène :
- 6 à 10 % des élèves sont harcelés soit, en moyenne, 2 élèves par classe ;
- Sur l’ensemble de la France, entre 800 000 et 1 million élèves sont concernés.
Devant l’étendue du phénomène, le Gouvernement et l’Éducation nationale mettent en place une grande campagne d’information et de lutte contre cette violence.
Pour bien comprendre de quoi il est question, nous allons d’abord définir le harcèlement et sa version cyber (en ligne), puis nous verrons comment il est possible de s’en sortir ; enfin, nous détaillerons les sanctions auxquelles s’exposent les harceleurs.
Le harcèlement est généralement un phénomène de groupe dirigé vers une personne seule, plus petite, plus faible. L’agression, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique ; est répétée et volontaire.
Le harcèlement se caractérise par trois éléments :
- la violence : c'est un rapport de force, de domination. Il peut y avoir des menaces et/ou des coups ;
- la répétitivité : les agressions sont incessantes et sur une longue période ;
- l'isolement : la victime a des difficultés à se défendre contre plus nombreux qu’elle.
Il y a les harceleurs (qui causent le harcèlement) et les harcelés (qui subissent le harcèlement). Mais, les plus nombreux, ce sont les témoins (celles et ceux qui assistent au harcèlement mais sans y participer).
On parle de harcèlement scolaire car il est subi à l’école, au lycée, mais surtout au collège, au moment du passage de l’enfance à l’âge presque adulte, où chacun se cherche, veut appartenir au "groupe" tout en gardant sa propre personnalité.
C'est à cet âge, entre 11 et 15 ans, que les discriminations apparaissent ou se renforcent, que les élèves jugés "différents" sont maltraités par les harceleurs et/ou sont délaissés par les autres.
Généralement, les victimes sont discriminées sur des critères tels que :
- l’apparence physique (poids, taille, couleur de peau, coiffure, etc.) ;
- l’identité, le genre, le sexe ;
- le handicap visible ou masqué ;
- l’appartenance à un groupe (culturel ou social).
Le harcèlement est un acte grave dont les conséquences sont sérieuses : il créé des dégâts psychologiques chez les victimes, qui se sentent mal et blessées. Certaines vont, comme récemment encore avec Lucas dans les Vosges, jusqu’au suicide.
Quant aux harceleurs scolaires, nous le verrons un peu plus bas, ils risquent la prison et une condamnation à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 150.000 euros.
Si les réseaux sociaux sont un outil formidable pour partager sa vie, ses envies et ses centres d'intérêts avec ses proches, ils sont aussi des lieux de défoulement et d'agressions virtuelles ou verbales, car chacun derrière son portable ou son écran peut se penser protégé et invincible.
Aujourd’hui, malheureusement, les moqueries et les violences ne s’arrêtent plus à la sortie de l’école. Harceleurs et harcelés peuvent même ne pas se connaître et n’avoir jamais eu l’occasion d’entrer en contact direct. Sur les réseaux sociaux (TikTok, Snapchat, Instagram ...), tu es en permanence connecté(e) au monde et exposé(e) aux dangers du virtuel, dont le cyberharcèlement.
Le cyberharcèlement est une violence puissante car :
- les harceleurs peuvent être anonymes ;
- les contenus peuvent être viraux (se répandre rapidement) ;
- le harcèlement peut être continu et perdurer bien après la sortie des cours.
Il se matérialise par des commentaires haineux sous tes publications, par des montages photos/vidéos dégradants, par un lynchage en groupe, par la création d'un profil ou d'une page pour t’humilier, par un acharnement envers une personne dans une discussion, voire même par des menaces de mort, parfois. Tu le vois, ses formes sont multiples !
Il est difficile, parfois impossible, de trouver les coupables de cyberharcèlement quand celui-ci se passe par messagerie. En effet, la plupart des messageries privées sont protégés par les entreprises qui les proposent et par la loi des pays dans lesquelles elles sont installées. Même s’il est parfois possible de mener une « perquisition numérique » pour retrouver les auteurs.
S'il n'est pas physique ni verbale, il est faux de croire que le cyberharcèlement est "moins grave" que le harcèlement physique. Il n'est pas un jeu, ce n'est pas "juste pour rire" !
Ses conséquences et ses sanctions sont les mêmes que pour le harcèlement. C'est encore plus grave si le profil est public : tout le monde peut assister au harcèlement.
De nombreux harcelés n'osent pas en parler, notamment parce que leur vie intime, déjà jetée en pâture serait encore plus exposée.
Les victimes pensent souvent qu'elles sont responsables de leur situation. C'est bien évidemment faux : rien ne justifie jamais le harcèlement !
Personne ne mérite la violence et tout le monde a le droit au respect de sa dignité et de sa vie privée. Les discriminations sont injustes et interdites par la loi.
La parole doit se libérer.
La première chose à faire est de signaler le harcèlement.
Auprès de tes parents d’abord : ils te soutiendront et t'accompagneront pour y mettre fin. Mais les autres adultes comptent aussi : un prof, le/la CPE de ton établissement, ou bien en signalant le contenu sur les réseaux sociaux. Mais ce n’est pas tout…
Il existe des numéros d'appels. Ils sont gratuits, confidentiels (anonymat) et permettent d'appeler depuis n'importe où en France. Tu peux y parler avec une personne formée pour t'écouter, te conseiller et t'orienter face au problème.
Deux numéros existent
- le 30 20 en cas d'harcèlement
- le 30 18 en cas de cyberharcèlement
Pour commencer, il faut retenir cette règle d'or : "internet garde tout et pour toujours".
Sauf exceptions rarissimes, tout ce qui a été fait et dit à un moment sur internet y reste éternellement. Ce que tu as dit, écrit, les photos postées, les commentaires faits, peuvent être ressortis et mis en avant, détournés (ou non) de leur contexte, à un moment où tu ne t’y attends pas. Ils servent alors celui qui t’attaque.
Voici donc quelques conseils simples qui peuvent te protéger en partie du cyberharcèlement :
- limite les informations sur ton profil ;
- gère les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux au niveau le plus restrictif, met ton profil en « privé » et non en « public » ;
- limite l'accès aux photos ;
- refuse les demandes de personnes inconnues ;
- refuse de recevoir des questions anonymes ;
- ne partage pas tes mots de passe – même à tes ami(e)s – et change les régulièrement afin d'éviter que quelqu'un se connecte à ta place et publie des fakes ou utilise ton compte à des fins malveillantes.
Le harcèlement est puni par la loi.
L'auteur d'un harcèlement en ligne risque 2 ans de prison et 30 000 € d'amende. Ces peines sont portées à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende, si les faits ont causé une incapacité totale de travail (ou de suivre les cours) de plus de 8 jours (anxiété, stress,…) ou si la victime a moins de 15 ans (art. 222-33-2-2 du code pénal).
L'auteur peut aussi être poursuivi pour d'autres délits annexes.
Le harcèlement est aussi sanctionné par les établissements scolaires. Après signalement, les harceleurs sont convoqués par les responsables pédagogiques et, au besoin, punis. Des travaux d'intérêt généraux (TIG) peuvent alors être imposés. Une exclusion de l'établissement peut être envisagée.
Malgré les nombreux outils qui existent déjà dans la lutte contre le harcèlement, le syndrome de la "boîte d'œufs" s'impose : de grands vides se meublent dans les interstices qui existent entre les différents dispositifs.
Il ne faut cependant pas baisser les bras puisqu'une issue est possible en se mobilisant collectivement.
En faisant de la lutte contre le harcèlement une grande cause nationale et en utilisant le triptyque "prévenir-détecter-traiter", il peut reculer et disparaître.
Un rapport des sénatrices Sabine Van Heghe et Colette Mélot propose plusieurs solutions pour mieux lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement :
- mieux étudier l’ampleur du phénomène, de manière plus précise et plus régulière ;
- assurer un bon climat scolaire pour permettre une libération de la parole des harcelés et des témoins ;
- informer avec un flyer résumant les droits et devoirs des élèves sur le sujet, ainsi que les solutions existantes. Il serait distribué à la rentrée scolaire.
- Le site de l’association e-enfance
- Le dossier sur le cyberharcèlement de Lumni (France TV)
- Un (long) article sur l’histoire de Kelly, 14 ans, victime d’harcèlement en ligne
- Le site « Non au harcèlement »
- La mission d’information sénatoriale sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement
Retrouvez le reportage de nos collègues de Public Sénat