Le cyberharcèlement
Jeudi 10 mars 2016
Selon une étude du ministère de l’éducation nationale menée en 2013, 40 % des jeunes ont déclaré avoir été victimes au moins une fois d’une agression en ligne.
Ces agressions poussent trop souvent leurs victimes à commettre l’irréparable comme en février 2013 où Marion, 13 ans, s’est suicidée dans sa chambre après avoir été harcelée dans son collège et sur Facebook.
Qu’est -ce que le harcèlement ? Que peut-on faire face à ça ? Pourquoi les réseaux sociaux sont devenus le lieu privilégié de ces insultes et de cette violence ?
Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve souvent au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui, sous les yeux de ses autres camarades, ne peut se défendre.
Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.
Le harcèlement se caractérise par trois éléments :
La violence : c’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes.
La répétitivité : il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période.
L’isolement de la victime : la victime est souvent isolée et dans l’incapacité de se défendre.
En ligne, le harcèlement peut se traduire par des commentaires haineux, des vidéos, des montages photos sur les réseaux sociaux ou sur des forums. Mais également par la publication de vidéos de lynchage en groupe ("Happy Slapping"), l'acharnement sur une personne via des conversations sur la plateforme Ask.fm ou encore la création d'une fausse page ou d'un groupe à l'encontre d'une personne sur Facebook.
Les risques de harcèlement sont plus grands en fin d’école primaire et au collège au moment où chacun cherche à appartenir à un "groupe" et où ceux qui sont jugés différents sont souvent exclus.
Aujourd’hui, les moqueries et les violences ne s’arrêtent plus à la sortie de l’école. Sur Facebook, Twitter ou encore Snapchat, tu es en permanence connecté(e) au monde qui t’entoure.
La victime de harcèlement est, elle, en permanence confrontée à son ou ses agresseurs. Le harceleur ne laisse plus aucun répit à sa victime qui se sent isolée et menacée constamment. S’en suivent des traumatismes pour la victime, y compris physiques alors même qu’aucun geste violent n’a été directement porté.
On le voit chaque jour, les réseaux sociaux sont le lieu des plus beaux élans de générosité comme des pires abominations. Si les réseaux sociaux sont un outil formidable pour partager sa vie, ses envies et ses centres d'intérêts avec ses proches, ils sont aussi des lieux de défoulement et d'agressions verbales où chacun derrière son smartphone ou son écran peut se penser protégé et invincible.
Attention, la vidéo ci-dessous comporte des mots ou des images qui peuvent être difficiles à visionner
Le harceleur peut même se dire que c’est « moins grave » car ce n’est pas « en vrai » mais simplement pour rigoler sur son réseau, en ligne, derrière son ordinateur.
Pourtant, il n’y a aucune différence entre le harcèlement subi au collège et le harcèlement que l'on subit sur Facebook une rentré chez soi. Dans les deux cas, les sanctions pour le harceleur sont les mêmes et dans les deux cas, la victime peut en arriver au même geste dramatique : s’ôter la vie.
En effet, le harcèlement en ligne est puni que les échanges soient publics (comme sur un forum) ou privés (entre proches sur les réseaux sociaux). La loi punit spécifiquement les menaces de mort, de viol ou les incitations au suicide.
Il faut se rendre compte que publier un commentaire haineux sur Facebook, cela revient à le proclamer à haute voix dans une salle qui contiendrait à la fois tous les amis de la victime et tous ceux de l’agresseur. Si le profil est public, par exemple sur Twitter ou sur Ask.fm, c’est encore pire car tout un chacun peut y accéder. Le harceleur serait-il capable d’assumer ses propres propos s'il était physiquement en face de toutes ces personnes ?
Les agressions sur les réseaux sociaux sont pourtant assez faciles à prouver. Il suffit de faire une capture d’écran et/ou de signaler à son opérateur téléphonique, au réseau social le contenu violent et les contenus indésirables ou l’existence d’un faux compte pour intercepter le harceleur et, si nécessaire, supprimer son profil.
L'auteur d'un harcèlement en ligne risque 2 ans de prison et 30 000 € d'amende. Ces peines sont portées à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende, si les faits ont causé une incapacité totale de travail de plus de 8 jours (anxiété, stress…) ou si la victime a moins de 15 ans (art. 222-33-2-2 du Code pénal). L'auteur peut aussi être poursuivi pour d'autres délits annexes :
- Menace de viol avec des motifs homophobes ou racistes : 2 ans de prison et 30 000 € d'amende.
- Menace de mort : 3 ans de prison et 30 000 € d'amende.
- Provocation au suicide, suivie d'un suicide ou d'une tentative : 3 ans de prison et 45 000 € d'amende. Si la victime a moins de 15 ans, les peines sont majorées à 5 ans de prison et 75 000 € d'amende (art. 223-13 du Code pénal).
Avant tout, il faut être bien conscient qu’il est possible de se défendre. Non pas en répondant ni en se vengeant mais en le signalant. Il est possible premièrement de bloquer l’accès à vos publications et d’alerter le réseau social sur un comportement qui contrevient à sa charte d’utilisation.
Nous l’avons vu plus haut, le harcèlement y compris sur Internet est un délit qui est sévèrement puni. Pour cela, il faut en parler à ses parents et ses enseignants afin que les élèves responsables soient convoqué(e)s et, au besoin, sanctionnés.
Il est cependant souvent difficile d’en parler à ses parents ou à ses profs. La peur de passer pour une « balance » et de subir encore plus de violence est réelle. C’est pourquoi, il existe des associations que l’on peut appeler gratuitement, comme l’association E-enfance qui a mis en place un numéro vert (0800 200 000) pour aider les victimes à s’en sortir. Le numéro gratuit 3020 a également été mis en place par l'Education nationale afin de permettre à chacun, victime ou témoin de situations de harcèlement, de pouvoir le signaler.
En effet, de nombreux jeunes, victimes de harcèlement, estiment qu’ils sont responsables de ce qui leur arrive. Que si tout un groupe se retourne contre eux, c’est parce qu’ils l’ont bien cherché ou parce qu’ils sont différents. Tout cela n’a évidemment aucun sens. Personne ne mérite de subir ce type de violence et tout le monde a le droit au respect de sa dignité et de sa vie privée.
Enfin, pour éviter au maximum le détournement d’images ou la diffusion de contenu que tu aurais souhaité garder privés, il faut se rappeler d’une règle :
« Internet garde tout et souvent pour toujours… »
Et oui, sur Internet rien n’est temporaire et aucun réseau social, malgré tout ce qu’on peut lire ou entendre, n’échappe à cette règle. Il est par exemple très facile de récupérer des photos ou des vidéos envoyées via Snapchat ou Periscope et de les copier afin de pouvoir les diffuser et les partager par la suite.
«Malgré les affirmations de Snapchat, il existe plusieurs méthodes qui permettent à ses utilisateurs de sauvegarder les contenus diffusés, à l'aide d'outils extérieurs à l'application»
Commission fédérale américaine de la concurrence, mai 2014
Snapchat a été forcé de reconnaitre qu'il lui était impossible d'«empêcher les destinataires des snaps de récupérer et d'enregistrer les messages envoyés»
Voici donc quelques conseils simples qui peuvent permettre de limiter au maximum la diffusion de tes informations personnelles :
|
---|
Consulte cette page qui donne quelques conseils pour protéger la confidentialité de ton compte notamment sur Facebook.
Pour conclure, voici une phrase du fondateur du site Airbnb qui résume bien le comportement à avoir sur les réseaux sociaux et internet :
« Il vaut mieux avoir 100 personnes qui vous aiment énormément plutôt qu’un million de personnes qui vous aiment un peu de loin » Brian Chesky, fondateur d’Airbnb
- Le site de l'association e-enfance ;
- Le dossier sur le cyberharcèlement sur le site education.francetv.fr
- Un (très long) article sur l'histoire de Kelly, 14 ans, harcelée pendant des mois sur internet ;
- Le site "nonauharcelement.education.gouv.fr"
- La proposition de loi du sénateur Roland Courteau pour renforcer la lutte contre le cyber harcèlement