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La joie dans une salle de cinéma

Le cinéma (français) a-t-il encore de l’avenir ?

12 juin 2023

Tu ne le sais peut-être pas mais la France et le cinéma vivent une grande histoire d’amour. Et ce, depuis le début de ce que l’on appelle « le 7e art », à la fin du XIXe siècle.

Chaque année, entre 200 et 250 films sont réalisés en France, ce qui fait de notre pays le premier producteur européen. Et les salles de cinéma enregistrent en moyenne près de 200 millions d’entrées par an ! 

Si l’on regarde en arrière, le cinéma a néanmoins subi la concurrence très vive de la télévision, ce qui a provoqué une forte baisse de la fréquentation jusqu'au début des années 1990. Ensuite, la fréquentation a eu tendance à augmenter… avant de replonger avec la crise sanitaire !

 

 

Graphique de fréquentation du cinéma en France entre 1945 et 2020

Face à un tel choc, la commission de la culture du Sénat a créé une mission d’information, dont le rapport a pour titre : « le cinéma contre-attaque : entre résilience et exception culturelle, un art majeur qui a de l’avenir ».

Mais commençons par un peu d’histoire pour mieux comprendre la relation qu’entretient notre pays avec le cinéma.

Une brève histoire du cinéma français
Les frères Lumière

Le cinéma, en tant que défilement d’images, n’a pas été inventé par les frères Lumière (Auguste et Louis). Mais ce sont eux qui ont, pour la première fois, organisé une projection publique sur grand écran (et donc créé UN cinéma).

Dès le 28 décembre 1895, ils font payer le public pour voir les films, qu’ils réalisent très vite eux-mêmes. « L’arroseur arrosé », tourné par Louis, est le tout premier film de fiction (qui raconte une histoire).

Cela explique en partie le lien privilégié entre la France et le cinéma. Les français, qui ont une culture très ancienne du théâtre (Racine, Molière, Corneille, Hugo, Marivaux, etc.) sont très vite allés au cinéma.

Jean Gabin en 1940

Le cinéma français c'est :

De grands films : Le jour se lève, Pierrot le Fou, Les 400 coups, Les parapluies de Cherbourg, Le grand bleu, Amélie Poulain, etc.

De grands acteurs et actrices : Arletty, Jean Gabin, Brigitte Bardot, Alain Delon, Jean Dujardin, Marion Cottillard, etc.

De grands réalisateurs : Jean Renoir, Marcel Carné, Jean-Luc Godard, etc.

De grands scénaristes et dialoguistes souvent issus de la littérature, de la poésie : Jean Cocteau, Jacques Prévert, Henri Jeanson, Michel Audiard, etc.

Des réalisateurs à l’origine de la « nouvelle vague » qui a révolutionné le 7e art dans les années 1960 : François Truffaut, Claude Chabrol, Agnès Varda, Jacques Rivette, Alain Resnais, etc.

Tous font ou ont fait à la fois la renommée et le succès du cinéma français.

La production cinématographique française est ainsi la 1ère en Europe et résiste assez bien face aux « blockbusters » (superproductions) américains.

En 2022, le 3e film le plus vu en France est « Les minions II », dessin animé français.

Les films et les acteurs français reçoivent chaque année un grand nombre de prix dans les festivals (Cannes, Berlin, Venise et même aux Oscars).

Mais la force du cinéma français ne tient pas uniquement à son histoire.

Quels sont les autres piliers du cinéma français ?

Le cinéma français tient aussi debout grâce à plusieurs facteurs financiers, politiques et artistiques. Ce sont surtout ceux-ci qu’analyse le rapport sénatorial.

 

  • D’abord, il existe en France plusieurs formes de soutien financier au cinéma.

    C’est par exemple l’un des rôles du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC), créé en 1946. Le CNC est un établissement public autonome qui finance, régule et défend le cinéma. Ses aides commencent dès l’écriture. Par exemple, le CNC peut donner jusqu’à 20 000 € pour aider un auteur.

    Ces aides sont aussi accessibles aux artistes d’autres nationalités.
    Le réalisateur roumain Cristian Mungiu (Palme d’Or à Cannes en 2007) dit :

    « Les institutions françaises restent celles qui soutiennent le plus efficacement la diversité et l’originalité. Le cinéma est à la fois un art et une industrie. Si nous avions laissé les lois économiques gérer la création artistique, l’histoire culturelle ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. L’exception culturelle française protège les artistes ».

     
  • Ensuite, il existe des lois en France qui obligent les chaînes de télévisions et les plateformes à investir dans la production française. Par exemple, Netflix investit chaque année près de 60 millions d’euros dans la production française. C’est une chance pour le cinéma français qui parvient plus facilement à se financer grâce à ces investissements.
     
     
     
  • Enfin, la « chronologie des médias » constitue un atout pour le secteur. Cette règle dit dans quel ordre et après combien de temps on peut montrer un film de différentes façons. Au début, il est diffusé seulement au cinéma. Puis, après un moment, on peut le montrer à la télévision, sur des DVD ou sur des plateformes en ligne. Cela permet de s'assurer que les films restent d'abord au cinéma pendant un certain temps avant d'être vus ailleurs. La chronologie des médias en France est plus stricte que dans nos pays voisins, ce qui favorise le cinéma.
Mais alors, où est le problème ?
Façade du cinéma PAX, fermé en 2007

Malgré ces forces, le cinéma français connaît des difficultés. En effet, entre 2012 et 2019, le nombre de films français a augmenté de 15% mais le nombre d’entrées a diminué de 10%.

Il y a donc un débat sur la « surproduction » de films. En France, on encourage la production de film pour faire émerger de nouveaux talents et rendre le cinéma populaire. Mais plus il y a de films, plus il est difficile de trouver des financements et de remplir les salles. 

Les sénateurs résument ainsi la difficulté :

« Le marché français du cinéma peut être vu ainsi : peu de films américains mais qui sont cinq fois plus vus que chaque film français. Mais ceux-ci se maintiennent parce qu’ils sont nombreux et variés (même si chacun a moins de succès) »

Quelques pistes avancées par les sénateurs

La mission sénatoriale, après avoir mené une quarantaine d’auditions d’experts et organisé des tables rondes, formule 14 propositions, dont certaines te concernent directement :

  • répartir plus intelligemment les aides pour avoir des films mieux financés et distribués ;
  • inciter le cinéma à mieux respecter l’environnement et rémunérer les auteurs ;
  • amener les élèves plus régulièrement en salle pour leur donner le goût du cinéma.

Ce dernier point ne devrait pas te déplaire !

Bon-s film-s !