La mondialisation
Lundi 24 juin 2013
Accusée d'être à l'origine de la crise financière, des délocalisations ou de la concurrence internationale mais aussi louée pour favoriser la diffusion de l’information, l'augmentation du niveau de vie de millions de personnes, ou les échanges culturels, la mondialisation est un phénomène complexe et, le plus souvent, décrié.
Mais la mondialisation, qu'est-ce que c'est vraiment ?
On définit la mondialisation comme le processus qui vise à rendre de plus en plus connectés entre eux les pays, les économies et les personnes au niveau de la planète.
Ce processus d’intégration existe depuis l’Antiquité. Déjà les Romains avaient créé autour de la Méditerranée ce qu’on peut appeler une première mondialisation. L’information, les marchandises circulaient dans l’ensemble de l’Empire romain. Voilà même ce qu'écrivait un philosophe grec il y a plus de 2000 ans :
Avant, les événements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres.
Polybe, IIe siècle avant Jésus-Christ
Dès le XVe siècle, toutes les villes d’Europe font du commerce entre elles : Venise échange avec les villes du Nord de l’Allemagne, Paris et d’autres villes de France avec Amsterdam ou Anvers qui sont de véritables centres économiques comme l’est New-York aujourd’hui.
Tout cela n’est donc pas nouveau !
Mais à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle, ce phénomène a pris une ampleur considérable sous l’impulsion des pays européens puis des États-Unis principalement. Les innovations technologiques dans les transports (bateaux, avions…) et les communications (téléphone puis, plus tard, les ordinateurs) ainsi que la diffusion du capitalisme* tel que théorisé par Adam Smith ont entrainé une accélération des échanges entre les territoires et les hommes.
Ouverture de nouvelles routes maritimes, doublement de la flotte marchande mondiale et extension du chemin de fer, multiplication par 6 des échanges, émigration à travers le monde de 50 millions d’Européens qui peuplent de nouvelles terres et annexent d’immenses empires coloniaux…, la naissance de la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui a commencé il y a un siècle et demi.
Les deux guerres mondiales et la crise économique de 1930 ont freiné ce processus qui a repris au lendemain de la seconde guerre mondiale.
On résume souvent la mondialisation à une « globalisation financière » mais la mondialisation touche à toutes les sphères des activités humaines : industrie, agriculture, services, commerce, social... Elle concerne aussi la communication et les échanges culturels entre tous les individus de la Terre devenue "village planétaire".
Au sortir de la seconde guerre mondiale, les États ont cherché à lier leurs économies afin notamment d’éviter les guerres entre eux. C’est ce qui s’est passé en Europe où, 5 ans après la fin de la guerre, l’Allemagne et la France mettent en commun leur production d’acier et de charbon, matériaux indispensables pour fabriquer des matériels de guerre à l’époque. On pense alors que si les gens commercent entre eux et tissent des intérêts économiques communs, ils ne se feront plus la guerre.
La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible.
Robert Schuman, 9 mai 1950
Les échanges (on appelle cela les « flux ») se développent à nouveau et on essaye partout de diminuer les « droits de douanes » - c’est-à-dire le montant qu’un pays impose sur les produits venant d'autres pays pour qu'ils puissent être vendus sur son territoire - et de favoriser la convertibilité des monnaies entre elles. C’est le « libre-échange ».
Le Fond monétaire international (FMI) créé en 1945, et l’Organisation mondiale du commerce créée en 1995 sont chargés de faire respecter ces règles au niveau international.
En parallèle, une autre "économie" se développe. Celle dont tu entends désormais régulièrement parler : la finance.
Depuis les années 80, les règles établies après la guerre pour réguler les bourses, les banques et les mouvements financiers, sont progressivement démantelées dans le but de réduire le poids de l'administration. Cette « dérégulation » entraine une augmentation des transferts d’argent qu’on appelle les « capitaux ». Grâce aux liaisons par satellite, à Internet, la mondialisation se traduit par l’instantanéité de ces transferts d’une ville à une autre à une rapidité jusqu’ici jamais atteinte et souvent déconnectée des besoins réels de l’économie. On dit que « la finance ne dort jamais » car toutes les bourses du monde, Paris, Tokyo, Londres, New-York... sont connectées 24h sur 24.
Tous ces changements permettent à des entreprises (les firmes multinationales le plus souvent) de pouvoir plus facilement délocaliser, c’est-à-dire de faire fabriquer leurs produits dans les pays où les travailleurs sont moins payés afin de les vendre moins chers et de gagner la compétition mondiale.
Les mouvements altermondialistes* dont le slogan est "un autre monde est possible", et un certain nombre de partis politiques, accusent la mondialisation d'être à l'origine des délocalisations, de créer du chômage, d’affaiblir les travailleurs (diminution des salaires et de la protection sociale) mais aussi de nuire à l’environnement car tous les pays ne respectent pas les mêmes règles environnementales.
Les banques notamment sont tellement interconnectées que la faillite de l’une d’entre elles peut plonger le monde entier dans la crise comme ce fut le cas en 2008 lorsque la banque Lehman Brothers a fait faillite.
L’absence de règles et l’exploitation des ressources humaines et environnementales par les multinationales sont de plus en plus critiquées.
Mais la mondialisation a permis de nombreuses choses positives aussi.
Selon la Banque mondiale, il y avait en 1981 près de 2 milliards de personnes qui vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour ; en 2008 ce chiffre a presque été divisé par deux et est passé à 1,29 milliard.
Au niveau politique, du fait de la multiplication des sources d'information, la démocratie gagne du terrain, même si des soubresauts demeurent, la connaissance de l'environnement et des enjeux mondiaux s’améliore. Le patrimoine culturel mondial change de visage : l'Unesco en dresse une image plus documentée et plus vivante (patrimoine culturel immatériel de l'humanité).
La mondialisation n'est donc pas forcément synonyme de limitation du rôle des États. Au contraire, elle redonne aux États des raisons d'être. Il leur revient de réguler en fixant des normes, de redistribuer les richesses, d'aménager le territoire, de donner accès à tous aux services publics (éducation, santé, justice, sécurité...), etc.
Enfin, les États doivent s’entendre au niveau international (Union européenne, Nations-Unis, G 20 ou encore OMC) pour établir des règles communes à l'ensemble de la planète pour l’avenir. Mais les attentes sont fortes et les déceptions nombreuses encore...