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Les Sénateurs illustres

[...] Ce Sénat illustré par tant de grands noms et dans lequel se rencontrent,[...], les orateurs et les hommes d’Etat qui ont porté le plus haut, dans l’opposition comme dans le gouvernement, l’honneur de cette tribune pour le plus grand renom de la patrie française

Jules Ferry, Discours d'investiture du 27 février 1893

Médaille de Victor Hugo dans l'hémicycle © Sénat

Jules Ferry, Victor Schoelcher, Victor Hugo ou encore François Mitterrand...Ces noms te disent certainement quelque chose...

....et bien leur point commun est qu'ils ont tous été Sénateurs !

Tu trouveras sur cette page toutes les informations sur les sénateurs les plus connus de l'histoire 

Jules Ferry (1832-1893) : Le plus court mandat de Président du Sénat
Jules Ferry en 1869

Né en 1832, Jules Ferry fut un des hommes politiques les plus importants de la Troisième République. Avocat, il se rendit célèbre comme journaliste et fut élu député au Corps législatif en 1869. Après la chute du Second Empire, il devint maire de Paris, puis député en 1871. Lors de la révision constitutionnelle de 1884, il se bat pour que l'existence du Sénat ne soit pas remise en cause.

C’est comme ministre à partir de 1879 qu’il accomplit une œuvre considérable consacrée aux libertés publiques (presse, syndicats, réunion). Mais sa réputation est surtout attachée aux " lois Ferry " de 1880-1881, sur l’enseignement primaire obligatoire, laïque et gratuit. Battu comme député aux élections de 1889, Jules Ferry fut élu au Sénat en 1891 ; il en devint Président, en 1893. Mais dix-huit jours après avoir été porté à cette fonction, il mourait, à l’âge de soixante et un ans.

Victor Schoelcher (1804-1893) : Une vie en faveur des droits de l'homme
Victor Schoelcher

Victor Schœlcher naît à Paris, le 22 juillet 1804. En 1829, Schœlcher voyage en Amérique et aux Antilles et découvre la réalité de l'esclavage, qu'il dénonce dès son retour en Europe.

En 1848, alors qu'il est secrétaire d'Etat aux colonies, il parvient à faire signer un décret historique, celui qui abolit l'esclavage dans toutes les colonies françaises.

Toute sa vie, il continuera son combat en faveur de l’égalité des droits et de la liberté. Dès 1850, il dépose une première proposition de loi visant à abolir la peine de mort. Suite au coup d’État de Napoléon III, il est présent sur les barricades qui se dressent contre la prise de pouvoir de l’Empereur. Il y recevra plusieurs coups de baïonnette et devra s’exiler en Angleterre pendant 18 ans.

Il reviendra en France à la fin de l’Empire et sera présent à l’Hôtel de ville de Paris lorsque la IIIème République sera proclamée.

En 1875, il est élu Sénateur inamovible et continuera ses combats en faveur des droits de l’enfant en déposant plusieurs textes pour l’enseignement primaire obligatoire et la protection des enfants abandonnés et maltraités.  En avance sur son temps, il défendra aussi le principe d’égalité entre les hommes et les femmes.

Il meurt en 1893 à Houilles dans les Yvelines. Ses cendres sont transférées par la suite au Panthéon aux côtés d’autres illustres défenseurs de la liberté comme Victor Hugo, Voltaire ou Emile Zola.

Victor Hugo (1802-1885) : le plus illustre des Sénateurs
Victor Hugo

Victor Hugo, peut être le plus populaire des poètes français, fut également un des membres les plus illustres du Sénat. Il a voué sa vie au service des grandes causes : le refus de la misère, la liberté d'expression, la cause des femmes, l'abolition de la peine de mort, les droits de l'enfant, l'abolition de l'esclavage et l'instruction gratuite et obligatoire pour tous

Sous la Monarchie de Juillet de 1845 à 1848, il défendit la cause des minorités européennes opprimées et, dès 1849, lança l’idée d’États-Unis d’Europe.

Élu Sénateur en 1876, au début de la IIIe République, il prôna l’amnistie des communards, qui s’étaient soulevés en 1871 contre le gouvernement établi provisoirement à Versailles

Lors des funérailles nationales de Victor Hugo, le 1er juin 1885, un immense cortège accompagna au Panthéon celui que le peuple appelait " le Père ". Ses cendres reposent au Panthéon avec tous les grands hommes de la République française.

Georges Clemenceau (1841-1929) : Le journaliste, le Sénateur, le "Père la victoire"
Georges Clemenceau

Sénateur du Var pendant 18 ans, de 1902 à 1920, Georges Clemenceau a été l’une des grandes figures de la Haute Assemblée mais également de la IIIème République.  Il a notamment été président de la Commission de l’Armée et de celle des Affaires étrangères du Sénat pendant la Première Guerre mondiale.

En 1863, sous le Second Empire, Clemenceau a 22 ans et déjà il est engagé politiquement. Il sera même emprisonné pendant 4 mois pour avoir proclamé la République sur la place de la Bastille à Paris. Son tempérament fougueux lui fera à nouveau connaître la prison en 1872, lorsqu’il est incarcéré 15 jours à la Conciergerie pour une affaire de duel.

Clemenceau choisit très tôt le journalisme pour exprimer ses idées. Jusqu’à la fin de sa vie, il écrira des articles dans le Temps, la Justice (dont il est fondateur en 1880), l’Aurore, ou encore la Dépêche.

Il devient pour la seconde fois Président du Conseil, c’est un peu comme le Premier Ministre aujourd’hui,  en 1917 alors que la guerre fait rage.  Après avoir dirigé la France pendant la Première Guerre Mondiale il est surnommé " le Père la Victoire ".

Après la guerre, Clemenceau est président de la Conférence de Paris. Il négocie le traité de Versailles qui marque la fin de la Guerre.

Le 19 février 1919, Émile Cottin, un anarchiste de 23 ans, tire sur lui 10 coups de revolver. Il reçoit une balle dans l’omoplate droite. Cottin est condamné à mort mais il sera gracié.

Après avoir été battu lors de l’élection présidentielle en 1920, il se retire de la vie politique.

Il écrira plusieurs livres et continuera à réfléchir aux grandes questions de l’époque avant de mourir à Paris le 24 novembre 1929, à l’âge de 88 ans.

Marie-Hélène CARDOT (1899-1977), résistante et sénatrice
Marie-Hélène Cardot

Résistante, elle s’engage dans la vie politique locale à la Libération.

Elle est élue au Conseil de la République en 1946 sur la liste MRP.Réélue en 1948 et 1955, elle y défend activement les familles frappées par la guerre.

Élue au Sénat en 1959, elle en est vice-présidente jusqu’en 1968 et rapporte de nombreux textes sociaux jusqu’à la fin de son mandat en 1971.

René COTY (1882-1962) : un vice-Président du Sénat élu dernier Président de la IVe République
René COTY

Né en 1882, René Coty fut un étudiant brillant. Avocat dès l’âge de vingt ans, il choisit d’entrer au Sénat en 1935.

Après avoir participé à la Résistance pendant la guerre, il participa à la rédaction d'une nouvelle Constitution. Il y défendit avec vigueur le principe des deux chambres.

René Coty est élu par la suite au Conseil de la République (le nom du Sénat à l'époque) et en sera vice-président jusqu'en décembre 1953.

C’est à cette date que René Coty est élu Président de la République, et devient aussitôt très populaire. Il quitte l’Élysée en 1959 après l'élection de de Gaulle revenu au pouvoir pour mettre fin à la guerre d'Algérie et au risque de guerre civile.

Il meurt trois ans plus tard.

Marcelle DEVAUD (1908-2008) Vice-présidente du Conseil de la République
Marcelle Devaud

Gaulliste convaincue, Marcelle Devaud est désignée par l'Assemblée nationale en 1946 pour siéger au Conseil de la République.

Réélue en 1948, elle en devient vice-présidente jusqu’en 1951.

Spécialiste des questions sociales, on lui doit notamment la création de la mutuelle sociale étudiante. Elle est également attentive à la situation en Algérie.

Élue députée de la Seine en 1959 puis maire de Colombes, elle siège au Conseil économique et social de 1965 à 1979.

Gaston Monnerville (1897-1991) : Premier Président du Sénat de la Vème République
Gaston Monnerville

Né à Cayenne (Guyane française) en 1897, Gaston Monnerville, descendant d’esclaves, métissé de sang noir, fut un boursier méritant, qui devint un brillant avocat.

Intéressé très tôt par la politique, spécialisé dans les questions coloniales, il consacra ses  dons d’orateur à défendre l’égalité des êtres humains en droits et en dignité, en luttant toute sa vie contre le colonialisme, le racisme et l’antisémitisme.

Il s’engagea dans la Résistance de 1940 à 1944, puis, député aux deux Constituantes (1945-1946), il contribua à faire adopter le statut de " département " pour les " quatre vieilles " colonies (Guyane, Guadeloupe, Martinique, Réunion) dont les habitants devinrent ainsi des Français à part entière.

Durant vingt et un ans, il a présidé le Conseil de la République de 1947 à 1958, puis le Sénat jusqu’en 1968.

Eugénie Éboué-Tell (1891-1972) : vice-présidente de l’Assemblée de l’Union française
Eugénie Éboué-Tell

Engagée dans les Forces françaises libres féminines à Brazzaville jusqu’en 1944, Eugénie Éboué-Tell, élue à la Guadeloupe, siège aux deux assemblées nationales constituantes en 1945 et 1946 puis au Conseil de la République.

Élue sur la liste du RPF qu’elle conduit lors du renouvellement de 1948, elle suit  attentivement l’évolution de l’outre-mer.

En 1952, elle rejoint l’Assemblée de l’Union française et en assure la vice-présidence jusqu’en décembre 1953.

François Mitterrand (1916-1996) : Le Sénateur devenu Président de la République
Médaille de François Mitterrand dans l'hémicycle

François Mitterrand se présente, dans la Nièvre, aux élections sénatoriales du 26 avril 1959. Il a quarante-deux ans et sera sénateur jusqu'au 6 décembre 1962, date à laquelle il retrouve son siège de député de la Nièvre.

A son arrivée au Palais du Luxembourg, il est nommé membre de la commission des affaires étrangères, où il siège pendant la durée de son mandat.
 
Les trois années pendant lesquelles François Mitterrand est sénateur sont marquées par l'accession à l'indépendance de la plupart des pays d'Afrique francophone et les débuts de la construction européenne. Il y consacre l'essentiel de son travail parlementaire et, de 1959 à 1961, questionne le Gouvernement tout en déplorant les incohérences de sa politique et les contradictions dans ses déclarations.
Il affirme sa conviction que la sortie de la question coloniale passe par « la reconnaissance du droit à l'autodétermination des peuples »     

Mais François Mitterrand déplore le recul de l'influence de la France dans le monde. Il souhaite que la France fasse entendre sa voix afin qu'elle revienne, selon les mots du président du Sénégal Léopold Sédar Senghor qu'il cite en conclusion de son intervention, « à sa vocation véritable qui est d'être la mère des libertés et d'être un guide dans le monde ».

Hélène Missoffe (1927-2015) : Secrétaire d’État dans le gouvernement Barre
HÉLÈNE MISSOFFE

Secrétaire d’État dans le gouvernement Barre, Hélène Missoffe siège ensuite à
l’Assemblée nationale et au conseil de Paris à compter de 1977.

Élue au Sénat en 1986, elle participe activement aux travaux de la commission des affaires sociales et intervient sur les questions d’emploi, de formation, de chômage, de la famille et des régimes sociaux.

Elle se pose également en fervent défenseur de l’école libre.

Robert Badinter (1928-2024) : Garde des sceaux, Ministre de la Justice
ROBERT BADINTER

Professeur de droit, avocat, ministre de la Justice (Garde des sceaux), Président du Conseil constitutionnel et sénateur pendant 16 ans, Robert Badinter est à l'origine de l'abolition de la peine de mort en France (1981).
Ses discours lors des débats, au Sénat et à l'Assemblée nationale, sont restés célèbres.

Élu au Sénat en 1995, il est membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, ainsi que de la commission des affaires européennes.

En 2011, il ne se représente pas. Il meurt le 9 février 2024 à presque 96 ans.

Le 14 février 2024, un hommage national lui est rendu place Vendôme, à Paris, devant le ministère de la Justice. À cette occasion, le Président de la République annonce son entrée au Panthéon, sur la façade duquel est écrit : "aux grands hommes la Patrie reconnaissante".

Pour aller plus loin, vois l'hommage à Robert Badinter sur Sénat Junior

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